CONCERTATION • 6.10.22 • LA NEF • ANGOULÊME

100

PERSONNES INSCRITES

84

PARTICIPANT•E•S

70

STRUCTURES REPRÉSENTÉES

  • Membres du comité stratégique : 21

  • Collectivités territoriales : 6

  • Structures professionnelles de la filière des musiques actuelles : 57

  • Structures professionnelles de musique de répertoire et de création : 5

  • Autres : 11

Présentation du Contrat de filière et des Concertations

Essentielles à la mise en œuvre des droits culturels et au développement créatif des territoires, la musique et les variétés sont confrontées à de profondes et permanentes mutations. La cohérence du secteur a été particulièrement fragilisée par la survenue de la crise sanitaire, qui perdure et se conjugue à diverses autres crises (écologique, sociétale, économique, etc.), mettant en lumière une problématique plus profonde de synchronisation de la filière. Ce constat invite au déploiement de transformations variées au sein des structures (transition énergétique, adaptation aux usages numériques, évolutions des modes de gouvernance, mise en place d’actions favorisant l’égalité femmes-hommes…) et fait apparaître un enjeu primordial d’essaimage et de massification des bonnes pratiques.

Pour répondre à ces défis, la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de Nouvelle-Aquitaine, le Centre national de la musique (CNM), la Région Nouvelle-Aquitaine et le Réseau des indépendants de la musique (RIM) ont souhaité renforcer la dynamique du contrat de filière, qui a permis la mobilisation de plus de 1,7 million d’euros et l’expérimentation de 16 mesures au bénéfice de plus de 100 acteurs depuis 2015. Les partenaires ont ainsi annoncé une augmentation substantielle du budget du contrat de filière pour 2022, passant de 270 000 à 620 000 euros

Échanges en plénière

Question centrale : exploration du contexte de la filière musicale et de ses enjeux à court et moyen termes, priorisation des sujets à aborder en Concertation, y compris dans la perspective de la renégociation du Contrat de filière en 2023 ?

Quelles sont les problématiques vitales
du secteur pour les années à venir ?

Quelles sont les opportunités à saisir ?

Quelles sont les politiques publiques que nous pourrions expérimenter pour influer positivement sur le développement du secteur ?

Les enjeux identifiés :
(cliquer pour accéder directement à chaque entrée)

Enjeux du lien aux personnes

  •  Du côté des publics, un creux est observé par les participant·e·s depuis la rentrée après un été qui a vu – pour certain·e·s – un rebond de fréquentation des événements de musiques actuelles. La problématique traverse la filière depuis la reprise post-crise sanitaire, avec des difficultés de projections qui persistent quant à la fréquentation des lieux.
  • Cette observation se généralise à d’autres pans d’activités que la diffusion : pour beaucoup, les studios de répétition peinent à retrouver le niveau d’activité d’avant-crise.
  • Plus globalement, c’est l’attractivité des structures qui est remise en perspective dans les échanges. Les chiffres en berne de la fréquentation des lieux et de leurs diverses activités ne peuvent être dissociés des difficultés de recrutement vécues par le secteur, accentuées par des difficultés à remobiliser les bénévoles et à retrouver une vie associative dynamique.
  • Cette crise des vocations met les acteurs face à une nécessité d’affirmer le récit et les valeurs de l’indépendance qui président à leurs activités, face aux dynamiques de concentration de plus en plus prégnantes en Région.
  • Des leviers sont appelés par les participant·e·s à être réfléchis au sein du Contrat de filière.

Enjeux de l’action culturelle

  • Le pan d’activité autour de l’action culturelle est considéré comme un des grands oubliés du Contrat de filière, de la même manière que la plupart des enjeux qui concernent les pratiques en amateur (cf. enjeux de la transmission). Or c’est un des vecteurs du lien avec les personnes et du retour des publics dans les structures de musique.
  • Les acteurs pointent une difficulté structurelle du financement d’actions par essence non-lucratives par la modalité systématique de l’appel à projets. Répondre à ce type de dispositif demande un temps de travail qui n’est pas financé par les appels à projets en question. Les acteur·rice·s voient dans ces modalités de déploiement de leurs activités une situation d’urgence permanente et une obligation de bricolage qui s’avèrent contre-productives pour structurer ces activités et initier des coopérations entre les structures.
  • Du côté des ressources humaines, une carence est notée concernant les cursus qui mènent aux métiers de l’action et de la médiation culturelle.

Enjeux de la transmission, de la formation et de l’accompagnement

  • Les acteur·rice·s notent plus globalement des difficultés à recruter sur les compétences spécifiques au secteur. Cela questionne une nouvelle fois l’attractivité de la filière mais aussi celle des formations sur ces compétences-clés. Il s’agit parfois d’une inexistence des formations en question.
  • Le Pôle Emploi enjoint les acteur·rice·s à lui envoyer les offres afin de les publier d’une part, et de produire des statistiques fiables vis-à-vis des métiers en tension d’autre part.
  • Le Contrat de filière a confié à CO une mission exploratoire des fonctions stratégiques de la filière dans cette perspective.
  • Volonté de décloisonnement des différents segments des activités d’accompagnement des porteur·se·s de projets (artistiques ou non), animations de discussions depuis 2020 par De La Neige En Été, projet soutenu par le Contrat de Filière. Constat de la nécessité de lier les parcours d’accompagnement au développement des compétences des personnes, valorisables en dehors du champ culturel.
  • Un travail de diagnostic est en cours au niveau régional dans l’optique de la formalisation d’un contrat de filière emploi-formation culture.
    cf. Concertation La Rochelle

Enjeux de la visibilité des œuvres, des artistes et des activités de la filière

  • Les acteur·rice·s expriment de la satisfaction d’avoir vu la sortie d’une première mesure de soutien aux radios de découverte musicale. Cette mesure avait été préfigurée au sein de la Concertation territoriale.
  • La question est posée de soutenir d’autres typologies de médias (print, web…). Les médias sont un allié de la filière musicale, dans la communication autour de ses activités comme du lien aux personnes.

Enjeux de l’écologie et du développement durable

  • Le renouvellement de la mise en récit de la filière est à corréler fortement aux enjeux de l’écologie et du développement durable.
  • L’engagement des générations les plus jeunes semble se faire dans les structures qui prennent ces problématiques à bras le corps- thématiques qui sont reconnues comme plus porteuses de sens pour ces générations.
  • Ces enjeux sont au cœur de trois mesures du Contrat de filière :
    • l’accompagnement au changement,
    • les transitions énergétiques,
    • vers des structures durables de musiques actuelles.
  • Une mission d’accompagnement a été confiée à David Irle au sein de la Région pour la transition énergétique au sein des services et des dispositifs.

Enjeux de l’égalité et de la mixité de la filière

  • La transversalité de la prise en compte de l’égalité et de la mixité est notée comme une bonne première pierre à l’édifice de cette problématique (conditionnalité des aides au suivi d’une formation de prévention des violences sexistes et sexuelles).
  • Cette transversalité de la politique publique n’est pas considérée comme suffisante pour traiter cette problématique. Des mesures dédiées à l’égalité et à la mixité de la filière au sein du Contrat de filière sont demandées par les acteur·rice·s.

Enjeux du renouvellement / de l’hybridation des formes

  • Des signaux d’apparence contradictoires émergent au regard des chiffres de la fréquentation des lieux/festivals et des envies exprimées par les personnes concernant le spectacle vivant dans de récentes enquêtes. D’un côté la dimension convivialité et la relation de proximité semblent revenir au centre des préoccupations des personnes, alors que des perspectives d’innovations technologiques posent la question de « l’expérience spectateur » et la relation au virtuel dans le spectacle vivant.

L’atelier mené par CO sur les ressources humaines ne fera pas l’objet de compte-rendu dédié, il s’inscrit dans la mission exploratoire sur les fonctions stratégiques de la filière dont les conclusions seront livrées courant 2023.

Atelier transitions énergétiques

Les participant·e·s ont été invité·e·s à réfléchir en binôme aux résonances des transitions énergétiques et leurs impacts (effectifs et potentiels) sur les activités et structures de la musique et des variétés. Ces réflexions ont ensuite été présentées et débattues lors d’un temps d’échange dont voici la synthèse.

Un nécessaire changement de paradigme de consommation d'énergie

  • Injonctions contradictoires pour le secteur culturel : l’accès aux financements publics est souvent conditionné par des standards de taille et de croissance, ce qui influe fortement sur les impacts énergétiques à la hausse alors que ceux-ci doivent être réduits.
  • De nombreuses pistes de solutions existent mais sont pour l’essentiel trop coûteuse pour des modèles économiques tendus (corollaire de la lucrativité limitée du secteur et contexte économique morose après deux ans de crise sanitaire).
  • Réflexion autour de la notion de confort : les solutions identifiées à ce stade sont nécessairement coûteuse, que cela soit financièrement ou en terme de confort.
  • Les différentes filières ont un mode de fonctionnement qu’il faut prendre en compte lorsque l’on réfléchit leur transition, notamment énergétique. L’impact 0 n’existe pas en ce qui concerne les activités humaines, l’idée est d’aller vers une maîtrise de ces impacts.
  • Concept d’effet rebond et de transfert d’impact : ne réfléchir que les techniques sans questionner les usages mène souvent à un impasse dans la réflexion de transition des projets, notamment culturels.
  • Des élu·e·s et technicien·ne·s dans les collectivités avec des niveau de compétences en la matière inégaux, souvent lacunaires, sur ces enjeux. Ces mêmes collectivités subissent de plein fouet la crise énergétique ce qui complexifie la prise de recul nécessaire pour construire des perspectives de transition.

« Il n’y a pas de problème voiture thermique vs voiture électrique, il y a un problème voiture »

Des solutions qui émergent et qui doivent être partagées

  • Sentiment de frustration partagé par les participant·e·s entre des idées et solutions qui sont au point et une carence de temps et de moyens financiers pour les mettre en place.
  • Autonomie énergétique avec des dispositifs solaires pour de petites jauges. Vertus pédagogiques de ce type de dispositifs.
  • Rationalisation des déplacements : réfléchir autrement les programmes d’action culturelle notamment lorsque le territoire concerné est vaste. Deux interventions de trois heures plutôt que six d’une heure permet en outre de proposer un autre regard aux participant·e·s de ces actions.
  • Internalisation des fonctions liées au développement durable, de l’ingénierie à la pratique quotidienne (par exemple : avoir un catering interne qui permet une meilleure gestion des stocks).
  • De la ressource et de la formation qui se développent, par exemple le calculateur d’empreinte carbone bientôt disponible chez ARVIVA.
  • Mobiliser le transfert de savoir-faire sur les pratiques à visée de réduction des impacts écologiques.
  • Des politiques publiques comme l’appel à projets transitions énergétiques du Contrat de filière Nouvelle-Aquitaine.

Focus sur la mesure Transitions Énergétiques du Contrat de filière musique et variétés

  • La mesure s’articule en deux phases :
    • la première est ouverte à tous les acteurs de la filière, sous forme de webinaires portant sur les fondamentaux de la transition énergétique et le design énergétique des lieux ;
    • la deuxième, pour laquelle les participants seront sélectionnés par l’intermédiaire d’un appel à projets, se déclinera en différents modules (au choix) de formation-action qui porteront sur :
    ◦ la reprise en main d’un lieu, usage par usage (clarification des pratiques, de la gestion, petits travaux…) à travers deux visites sur site et des temps d’accompagnement collectifs,
    ◦ la maîtrise des enjeux de la commande publique (dans la perspective de réalisation de travaux) à travers une journée d’accompagnement à distance,
    ◦ l’exploration de divers contextes professionnels (radios, labels, tourneurs, écoles de musique, acteurs de répertoire et de création…) à travers la réalisation d’entretiens, par les experts de Négawatt, de 6 acteurs représentatifs de la filière afin d’enrichir le rapport d’expertise sur la transition énergétique du secteur musical, jusqu’alors focalisé sur la rénovation des bâtiments et les enjeux des festivals.

Des explications supplémentaires, le règlement d’intervention et le formulaire de candidature seront en ligne très prochainement sur le site du Contrat de filière.