CONCERTATION • 26.04.23 • CENTRE JEAN MOULIN • LIMOGES

70

INSCRIT•E•S

POUR

48

STRUCTURES REPRÉSENTÉES

 

  • Membres du comité stratégique : 17

  • Collectivités territoriales : 4

  • Structures professionnelles de la filière des musiques actuelles : 38

  • Structures professionnelles de la filière des musiques de répertoire et de création : 6

  • Autres typologies de structures : 6

Échanges en plénière

La séquence de Concertation territoriale du 26 avril 2023 au Centre Jean Moulin de Limoges, scène conventionnée intégrée à l’Opéra de Limoges, avait pour thématique principale l’emploi de la filière musicale. En effet, la plénière a été consacrée au rendu de l’étude exploratoire sur les fonctions stratégiques de la filière, menée par CO et financée par le Fonds créatif du Contrat de filière.

La réception de cette étude a alimenté la discussion en plénière, entre le vif intérêt suscité par ce rendu à la fois du côté des acteurs et des partenaires de la filière, et la mise en évidence de certaines fonctions stratégiques considérées comme manquantes (compétences juridiques, gestion sonore, missions liées à la promotion de l’égalité des genres, accompagnement artistique). Les liens entre les conclusions de l’étude et un éventuel traitement de celles-ci en termes de politiques publiques au sein du Contrat de filière, notamment en relation avec le FONJEP et les groupements d’employeur en vue de la mutualisation de certaines fonctions stratégiques, restent à explorer et à affiner.

Le débat a été élargi aux conditions globales de travail au sein de la filière musicale, avec la généralisation des postes multitâches, des conditions salariales précaires, des perspectives limitées en termes d’évolution professionnelles et un haut degré d’incertitude sur la pérennité des structures.

Les différentes séquences d’ateliers thématiques ont permis d’explorer les enjeux de différents pans de la filière musicale (champs de la transmission ; mobilités professionnelles de la filière ; enjeux des radios de découverte musicale ; réflexions autour des impacts du Contrat de filière sur les territoires). Vous trouverez ci-après les comptes-rendus de ces différents ateliers.

Ateliers

Accès rapide :

MOBILITÉS
PROFESSIONNELLES

CHAMPS DE LA
TRANSMISSION

IMPACT DU CFMV SUR
LES TERRITOIRES

RADIOS DE DÉCOUVERTE
MUSICALE

Mobilités professionnelles dans la filière musicale

S’emparer de la question de la mobilité est un enjeu majeur. En effet, celle-ci représente une part largement majoritaire de l’impact environnemental du secteur musical (presque 80 % par exemple pour les festivals). Mais la mobilité est un sujet complexe : elle regroupe des dimensions aux problématiques spécifiques (mobilité des publics, des artistes et des professionnels, mobilités urbaines ou rurales, mobilités individuelles ou collectives) et nécessite de mobiliser des parties prenantes qui, pour beaucoup, ne sont pas encore impliquées dans le Contrat de filière (services transports ou urbanisme des collectivités, SNCF, acteurs de la mutualisation de matériel, agences…).

À partir des expériences des acteurs présents, nous avons exploré :

  • la nécessaire sensibilisation des artistes et des techniciens, qui sont une partie prenante clé, tant par leurs propres déplacements, par leurs choix techniques et scénographiques, que par leur rôle prescripteurs vis-à-vis des publics,
  • la notion de déplacement, qui pourrait être considérée comme partie intégrante de la programmation de la soirée, et ainsi amener une expérience supplémentaire aux publics,
  • la nécessité d’inviter les publics et les équipes à expérimenter la mobilité douce pour se rendre à un concert,
  • la question épineuse de l’intermodalité des transports publics, notamment en milieu rural, qui est une incontestable solution pour l’accessibilité, mais qui suppose de mobiliser de nombreux partenaires (cartographier les besoins de mobilité ?).

Préconisations

  • organiser une Concertation spécifique sur le sujet de la mobilité, en associant Armodo et les collectivités concernées (Région, Départements, Agglomérations, Villes, régies de transport en commun…), y compris pour recueillir les résistances au changement,
  • encourager les producteurs, tourneurs et diffuseurs à prendre en compte la question du transport des artistes dans leurs choix de programmation, y compris en dissociant par exemple le coût du concert dans certains contrat de cession (notamment les artistes internationaux) et en concevant des tournées responsables (routing, même si cela se confronte parfois à la logique d’exclusivité)
  • relancer un projet de type Fes’TER, qui existait en ex-Aquitaine et qui permettait de mettre à disposition des navettes lors des festivals,
  • s’emparer de la problématique du dernier kilomètre (pour les personnes comme pour le matériel), en recourant à l’aide d’un logisticien et en explorant les pistes du prêt de matériel (mutualisation, IDDAC, APMAC…) et la vélogistique,
  • imaginer une mesure de soutien à la mobilité décarbonée des professionnels (programmation, direction…), qui pourrait a priori être assez simple à mettre en place (encourager et financer les déplacements en train, négociation de billets groupés avec la SNCF…),
  • imaginer une mesure de réflexion-action autour de la mobilité d’une manière générale, qui pourrait s’appuyer sur le modèle du dispositif « Festivals en mouvement » (quatre festivals néo-aquitains sont engagés) et pourrait aborder de nombreuses problématiques (dont les infrastructures vélo à proximité des lieux)

Champs de la transmission

La « transmission » est au carrefour de typologies d’activités aussi diverses que complémentaires. Elle recouvre la médiation / l’action culturelle, l’enseignement musical, la formation professionnelle, l’accompagnement et la ressource et traverse des problématiques autant liées aux droits culturels qu’aux pratiques en amateur, à la pédagogie, à la professionnalisation des artistes…

Cette pluralité d’approches a d’abord fait émerger le besoin commun de clarifier les termes et leurs définitions, pour sécuriser une base de dialogue commune. Une fois ce temps réalisé, le choix commun a été de partir du postulat qu’il existe, en tous temps du parcours artistique des personnes, une porosité entre l’amateur et le professionnel.

Naturellement, la notion de parcours des personnes (de l’apprentissage à la professionnalisation)  s’est donc illustrée comme piste prioritaire avec comme axes principaux de développement :

  • favoriser l’expérimentation dans les parcours d’accompagnement et formaliser une dynamique de convergence,
  • prendre en compte la notion progression dans un parcours artistique et favoriser la mobilité entre les structures. Cet objectif s’accompagne d’une réflexion sur la situation et le statut des artistes professionnels (projet, entourage professionnel, temps/revenus consacrés),
  • développer les compétences des fonctions de coordination pédagogique, avec une composante d’animation et d’inscription dans le territoire,
  • garder comme point central le projet musical / l’expérience de la personne et les besoins qui en découlent,
  • intégrer comme enjeu clé les notions liées à l’égalité-mixité.

Certaines pistes de croisement avec des dispositifs existants ont par ailleurs été évoquées :

Dialogues musicaux

  • favoriser une dynamique de coopération entre des projets artistiques professionnels ou semi-professionnels et des projets amateurs en voie de développement,
  • ne pas restreindre l’échange au croisement esthétique entre musiques actuelles et musiques de répertoire et de création (toutes les configurations resteraient éligibles)

Transferts de savoir-faire

  • coordonner le partage d’expériences de musicien à musicien (en répondant aux besoins par la création d’un entourage professionnel sur-mesure)

Enfin, quelques remarques d’ordre global ont été énoncées :

  • la logique d’appel à projets est contraignante, occasionne des projets supplémentaires et du temps de travail qui est déjà contraint par les activités quotidiennes des structures,
  • la temporalité du parcours ne doit pas être un frein à l’aboutissement de son développement et il est nécessaire d’y intégrer une logique de suivi post mesure.

Impact du Contrat de filière sur les territoires

Enjeux des radios de découverte musicale

L’atelier consacré aux radios associatives de découverte musicale avait notamment pour objectif de dresser un bilan partiel de la première expérimentation d’une mesure dédiée (appel à projets lancé en 2022), et d’identifier des pistes d’améliorations de celle-ci. Il permettait également d’améliorer l’interconnaissance entre ces acteurs essentiels à la filière et leurs partenaires publics.

Bilan de l’appel à projets « soutien aux radios de découverte musicale », publié en 2022 :

• La majorité des candidats a trouvé que le dossier de réponse était relativement long est contraignant. Paradoxalement, le format (tableur avec des cases restreintes) et la redondance des questions limitent la possibilité de mettre en valeur certains éléments vis-à-vis d’autres.

Pour faciliter le travail des candidats et la compréhension des enjeux par le comité de sélection, il pourrait être intéressant de joindre à la candidature le dossier de demande du FSER.

• Malgré la complexité du dossier, il permet de prendre du recul sur son activité mais aussi d’inciter les radios à se poser de nouvelles questions sur leur rôle vis-à-vis de la découverte musicale (l’activité de certaines radios n’étant pas historiquement centrées sur cette dimension)

• Certaines radios souhaiteraient également pouvoir valoriser l’activité d’informations locales. Dans le cadre du contrat de filière musique, les partenaires ont automatiquement des objectifs liés à cette filière, mais rappellent que les méthodes de productions sont majoritairement similaires.

Pistes d’évolutions de la mesure pour les années à venir :

• Les radios insistent sur l’enjeu de pouvoir bénéficier d’aides pluriannuelles pour favoriser la pérennité des emplois, des projets et en conséquence de leur rôle dans la découverte musicale

• L’objectif du Conseil Régional est de sortir de la dimension expérimentale du CFMV, en imaginant à termes une mesure plus durable, sur le modèle de l’audiovisuel, avec un fonds de soutien sur les radios cofinancé si possible par l’État et le CNM.

• Enjeu de la création sonore : les radios affirment et rappellent qu’elles font déjà pour une partie d’entre elles de la création sur leurs antennes et souhaitent que cette dimension soit prise en compte (programmes de type documentaires sonores, balades musicale sur un territoire, etc.)

Éléments de contexte plus généraux sur les radios et la découverte musicale :

• 2 axes forts identifiés par les radios pour la découverte musicale :

> le travail en réseau, avec d’autres radios locales, la co-organisation de plateaux et d’événements… demandent du temps mais amènent une plus-value bien supérieure
> égalité des genres : les radios ont un rôle à jouer sur la représentativité des femmes dans la musique et notamment à l’antenne, beaucoup de travail à fournir pour valoriser des projets féminins

• Plusieurs radios mobilisent du temps salarié sur la programmation musicale, mais il est beaucoup plus compliqué d’en dégager pour l’organisation et la coordination sur les événements

• Le financement de postes permanents est un enjeu majeur pour monter et pérenniser des projets ainsi que pour fidéliser (tant les auditeurs que les partenaires et prestataires).

• Enjeu d’un réel partage de la valeur en terme de droits de diffusion au profit des artistes diffusés et valorisés par les radios régionales. Un dialogue semble nécessaire avec l’ADAMI, la SACEM et la SACD

• Enjeux importants pour plusieurs structures autour des outils numériques utilisés au sein des radios soit en interne (logiciels de programmation et automation) ou en direction du public (sites internets et diffusion en treaming).

• Le mode de diffusion des projets radiophoniques est un sujet central pour les années présentes et à venir : difficulté voire impossibilité d’ouvrir une fréquence FM, nombreux freins liés au passage à la Radio Numérique Terrestre (ou DAB+, voir + d’infos ici), reconnaissance partielle des webradios par les politiques publiques.